En ce 13 février, Journée mondiale de la radio décrétée par l’UNESCO, et à quelques jours du 50e anniversaire de présence de la radio communautaire au Québec, ainsi qu’avec l’arrivée de la station CKRL dans la ville de Québec, qui fêtera ses 50 ans le 15 février prochain, il est temps de souligner l’apport exceptionnel des radios communautaires à la société québécoise.
Ce modèle de gestion d’un média par et pour la communauté desservie marque un tournant important dans l’accessibilité à l’information de proximité au Québec, à une source de divertissement distincte, propre au reflet de chacun des territoires desservis et à un outil de développement économique collectif efficace.
C’est, aujourd’hui, 250 employés qui évoluent au sein des 37 radios membres de l’Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec (ARCQ), avec plus de 600 bénévoles impliqués, desservant plus de 450 municipalités pour un chiffre d’affaires annuel de plus de 20 millions de dollars. En moyenne, les radios communautaires s’autofinancent à près de 80 % grâce à la vente publicitaire, aux contributions des membres et à la production de bingo.
Ce modèle distinct au Québec — et repris ailleurs au pays avec ses propres caractéristiques — a permis de faire rayonner les artisans du domaine culturel et permet à des animateurs, à des journalistes et à des membres d’autres corps de métier d’acquérir de l’expérience et de lancer parfois leur carrière.
En lisant l’article publié dans Le Devoir rapportant les propos de la p.-d.g. de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, qui annonçait que la Société d’État laisserait tomber les ondes hertziennes dans un avenir rapproché, je n’ai pu m’empêcher de constater la différence entre nos types de gestion et de me réjouir de la présence des radios communautaires au Québec. Non pas que je critique Mme Tait, au contraire, ce sont des questions importantes sur lesquelles il faut s’interroger.
Une des grandes différences au sein d’un modèle d’affaires communautaires, dans lequel le média appartient à 100 % à sa communauté, avant d’y aller d’une telle déclaration publique : la réflexion, la discussion et la recherche d’un consensus avec ses membres et sa population prennent une place beaucoup plus importante.
D’ailleurs, le virage numérique a été pris par une majorité de nos radios, et bon nombre des radios communautaires ne sont plus seulement des médias radiophoniques, mais aussi des médias écrits grâce à leur site Web.
Parfois, certaines stations sont même devenues des productrices vidéo, assurant la diffusion d’une information locale et régionale.
Des stations comme CKAJ au Saguenay, comme CFIM aux Îles-de-la-Madeleine et comme plusieurs stations communautaires allant du Nord-du-Québec à l’Estrie et de l’Outaouais à la Gaspésie, ont pris un rôle important dans l’information de proximité.
Soulignons, entre autres, le rôle des médias communautaires dans la sécurité publique qui est plus qu’essentiel. Lors des inondations, des pannes d’électricité à -40 °C, des tempêtes qui s’abattent dans nos régions tout comme n’importe quelle urgence qui peut survenir, les radios communautaires ont souvent été les seuls médias présents sur les lieux en direct, et les ondes hertziennes sont, encore aujourd’hui, le moyen le plus efficace pour informer la population.
Notons aussi le rôle primordial de certaines de nos stations, qui sont parfois les seuls médias qui se présentent à certaines rencontres municipales et qui produisent des reportages, mais aussi des articles qu’on retrouve sur le Web.
Il y a évidemment toujours, dans certaines stations, des défis liés au financement. Certaines cherchent à développer de nouvelles stratégies, mais même les creux que vivent certaines radios permettent de s’adapter aux réalités de chaque communauté. Étant donné que la radio communautaire a un rôle avant tout de service et que les surplus générés sont réinvestis dans la communauté, il est temps de souligner, non pas ses défis actuels, mais bien ses 50 ans de réussites.
Si le gouvernement du Québec cherche un exemple de réussite québécoise collective et un modèle d’affaires qui s’est implanté un peu partout, la radio communautaire est l’exemple parfait d’une communauté, qu’elle soit en milieu urbain ou rural, qui se mobilise pour favoriser son développement local. Je vous invite non seulement à aller écouter nos différentes radios, mais aussi à découvrir leur offre d’information grâce à leur site Web.
De plus:
Le mode de gestion des radios communautaires a aussi des répercussions dans le domaine économique puisque la grande majorité des radios communautaires au Québec ont une politique d’achat local pour leurs biens, leurs services et leurs fournisseurs. Chaque année, ce sont 6200 organismes locaux qui bénéficient de temps d’antenne gratuit. Une valeur de plus de deux millions de dollars, sans compter les dons de certaines stations à des organismes ou à différentes causes. Elles offrent une vitrine commerciale locale à plus de 5000 entreprises.